... / ... Usine monde

Quand il commence, le jeune homme est directement assigné au poste de batteur de bourre. En fin de chaîne. À près de 50°C. Sa mission ? Nettoyer et renvoyer la bourre – boules ou chutes de laine poussiéreuses – sur le circuit. « On entrait propres, on sortait sales », résume-t-il. Un métier pénible, au SMIC, qu’il affectionnait malgré « certaines laines de Russie, qui piquaient à la gorge ». Mais qu’importe. ... / ... « Il y avait la réception, le triage puis le tel quel », explique-t-il. C’est là que la laine était lavée, battue par de « grosses machines ». Ensuite venait le passage en carderie pour retirer les dernières impuretés et la démêler. La laine partait alors vers l’étirage pour être régularisée et « préparée » avant d’être peignée à travers une succession d’outils de plus en plus fins. « Tout ça était en partie automatisé et la laine voyageait par aspiration », précise Philippe Becq.

On imagine alors le bruit. L’odeur de suintine. Les kilomètres de courroies et de canalisations qui faisaient tourner le site. Les ateliers qui grouillaient sans arrêt. Et les machines. Selon une archive du groupe, près de 270 peigneuses fonctionnaient nuit et jour en 1951, année du centenaire. ... / ...

Il faut dire qu’à l’époque, la holding Prouvost SA était leader mondial du négoce et de la transformation de laine. Le peignage Amédée servait alors de modèle à l’implantation de nouvelles entreprises du groupe Prouvost à l’étranger. Le peignage est au sommet de sa gloire. On vient de partout à travers le monde pour le visiter.

Le peignage sur un fil

Pourtant deux décennies plus tard, l’entreprise commence à vaciller. Années 70-80 : c’est l’heure des premières restructurations et de la disparition d’Albert-Bruno Prouvost. Avec lui, la mort annoncée du peignage, selon Philippe Becq. Exsangue, le groupe est alors racheté par Jérôme Seydoux et Chargeurs au début des années 90. « C’est là qu’on a perdu le côté entreprise familiale pour devenir une entreprise financière » ... / ... En 1995, des licenciements sont envisagés. ... / ... Chargeurs décide alors de se séparer de l’entreprise et la cède à l’italien Botto en 1998. Un peu plus d’un an après, la liquidation judiciaire est prononcée. ... / ... - Simon Lancelevé - nordeclair -

Wattrelos: quand le peignage sentait encore la laine

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