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Histoire & tricot
11 juin 2014

Naturel, synthétique, naturel ...

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Copie de la tenue portée par Henriette d’Angeville lors de son ascension du mont Blanc (1838) présentée à l’exposition “Défilé alpin”.

Longtemps le manque d’équipements techniques a freiné les aventuriers des hauteurs dans leur conquête des sommets. Humidité, froid mordant, déluge de vent et de neige… La montagne intransigeante dictait ses conditions. Jusqu’à ce que la technologie relève tous les défis imposés par la rudesse des cimes. Avec des matériaux de plus en plus légers, de plus en plus performants, elle a permis à l’homme de se hisser toujours plus vite, toujours plus haut.

En août 1787, le mont Blanc est vaincu par Horace-Bénédict de Saussure. Si les gravures d’époque ne permettent pas de tirer beaucoup d’informations concernant les détails techniques de l’expédition, on sait que le père fondateur de l’alpinisme moderne était vêtu d’une simple tenue de campagne en laine.

Cinquante ans plus tard, Henriette d’Angeville est la première femme à se hisser sans aide sur le toit de l’Europe. Les détails de l’exploit, méticuleusement chroniqués, permettent d’en apprendre un peu plus sur “la toilette spéciale” dont était vêtue la “fiancée du mont Blanc”.

Faire avec ce que la nature propose
Encore une fois, il s’agit d’une tenue en drap de laine : « En ce temps-là, les matériaux utilisés se limitaient à ce que la nature pouvait proposer. On avait donc soit la laine, soit le coton, » explique Nadine Chabou, co-commissaire de l’exposition “Défilé Alpin”. Le choix des premiers alpinistes s’est naturellement porté sur la laine qui bénéficie de meilleures propriétés techniques. Le coton, plante qui n’est pas originaire d’Europe, est d’ailleurs peu répandu à l’époque.

« Lors des premières expéditions, ils empilaient les couches de laine. La superposition d’épaisseurs apportait un minimum d’isolant thermique. Enfin pour que les vêtements soient imperméables, ils les imbibaient parfois de graisses animales », explique Antoine Barthélemy. Ingénieur expert textile et alpiniste chevronné, Antoine a travaillé 20 ans pour la marque Salomon.

Les limites techniques de la laine sont connues. Très sensible à l’humidité, elle se détériore rapidement à son contact. « C’est une fibre assez peu intéressante thermiquement et qui n’est pas adaptée à l’effort. Avec la transpiration, certaines parties du corps sont vite irritées », conclut l’ingénieur.

Dans les années 1930, un grimpeur amateur, Pierre Allain, décide d’utiliser des plumes animales pour concevoir du matériel de haute montagne. Son idée donnera naissance à deux inventions : le sac de couchage en duvet et la doudoune. Une révolution pour l’époque, comme l’explique Antoine Barthélemy : « En terme d’efficacité thermique, la doudoune est une très bonne solution. En revanche, elle est assez encombrante et plutôt sensible à l’humidité : un duvet détrempé ne sert plus à rien. »

La révolution des synthétiques
En 1936, Pierre Allain est équipé de doudoune lorsqu’il participe à la première expédition française en Himalaya. L’histoire ne dit pas si un matériel plus adapté aurait permis le succès de cette ascension. Toujours est-il que la cordée sera contrainte d’abandonner à 6 800 mètres d’altitude.

Il faudra donc attendre l’invention des fibres synthétiques pour que les aventuriers des cimes parviennent à vaincre les plus hauts sommets. En 1935, Du Pont de Nemours, société américaine d’origine française, lance le nylon qui, dans un premier temps, est utilisé pour la conception de bas de femme.

Puis la guerre éclate et l’industrie militaire met massivement à contribution cette nouvelle invention. On l’utilise pour la fabrication de parachutes, de tentes, de cordages… Dans la foulée, les Britanniques mettent au point le polyester.

Ces deux matériaux présentent l’avantage de ne pas se détériorer au contact de l’humidité. Ils bénéficient par ailleurs d’une capacité de production démesurée comparée aux fibres naturelles.

À la fin du conflit, leur usage se démocratise naturellement dans le civil. Et de fil en aiguille, leurs propriétés sont mises à profit pour la conception de vêtements de sport. Si bien qu’à l’heure actuelle, le polyester et le nylon sont toujours les fibres les plus utilisées.

Sans pétrole, un nouveau challenge
Si l’industrie textile croyait avoir trouvé la solution ultime capable de relever tous les défis, elle doit à présent faire face à un nouveau challenge. Avec l’épuisement des réserves de pétrole, il faut repartir de zéro et mettre au point le substitut qui permettra de remplacer les fibres synthétiques.

Antoine Barthélemy mise sur le végétal. « Nous sommes aujourd’hui en mesure d’extraire des huiles permettant de recréer les mêmes fibres que le polyester ou le nylon sans pétrole. Les recherches menées apportent déjà des résultats encourageants, notamment avec le ricin. Une plante aux propriétés extrêmement intéressantes… »

- Par Hugo CHARPENTIER  - ledauphine.com - 

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Commentaires
R
oh oui au quebec, ils sont en avance sur le materiel du froid...c impressionnant....tout un joli reportage...;)
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