La cravate tricotée
À L'ORIGINE
A l'aube de la première guerre mondiale, la soie se raréfie, alors, on se met à tricoter des cravates en laine. Après la seconde guerre mondiale, les fabricants se remettent à les tisser, en les élargissant, fin des restrictions oblige. Et, au milieu des années 1950, le tricot revient, promu par les Beatles : une photo de groupe de 1964, lors de leur première visite aux Etats-Unis, les montre débarquant à l'aéroport, portant tous une cravate fine en maille. Hollywood l'a bien compris : l'oeil glisse sur une cravate en soie traditionnelle alors qu'il s'accroche à la maille. Sean Connery en revêt une dans Goldfinger (1964, photo) et Dustin Hoffman dans Le Lauréat (1967). Les seventies sacrent les modèles pelles à tarte, tissés donc. Il faudra attendre les années 2000 pour assister à son retour, insufflé par les silhouettes masculines étriquées de Raf Simons et Hedi Slimane chez Dior Homme.
À L'ARRIVÉE
En cachemire ou en laine, elle ne se froisse pas dans les valises et assume une certaine nonchalance, qui convient bien au xxie siècle. Pour le marchand italien Luciano Barbera, les cravates tricotées "sont comme le visage d'un bulldog. Imparfaites et pourtant magnifiques". La marque parisienne Husbands (photo), qui les propose (en plus de ses très bons costumes) unies ou à pois, en a fait son credo. Pour une large gamme de couleurs et une qualité exceptionnelle, les amateurs se tournent vers Tom Ford ou Charvet. Les branchés préfèrent A.P.C., qui fait dans le coton italien imprimé à bout carré et bord côte un tantinet rétro. Julien Neuville